Christelle Colleaux est une actrice du changement. Au travers de son site kalimenterre.be, de ses formations et de son rôle d’ambassadrice des produits Modere, elle invite au changement par une alimentation saine, la gestion des émotions, la gestion du stress, une consommation raisonnée…

Christelle est également, et depuis toujours, un électron libre. Ce qui se voit, déjà, dans le choix de ses études. Car elle choisit d’écouter son cœur et d’étudier l’histoire, même si son père la dirige vers un certain choix d’étude et que sa mère la dirige vers d’autres rails.

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Qu’est-ce qui t’a menée vers l’histoire, à ce moment-là ?

Moi, ce qui m’anime dans l’histoire, c’est de pouvoir comprendre l’homme. De pouvoir voir où il va, d’où il vient, pour voir où il va. Et voir comment on a pu évoluer au cours de l’humanité.

D’ailleurs j’avais quand même vraiment hésité entre la psychologie, la philosophie et l’histoire. Et je sentais qu’au travers de ces trois disciplines, c’est chaque fois cette recherche de comprendre d’où vient l’homme et où il va.

Je pense que c’est vraiment ça qui m’intéresse. C’est un questionnement qui continue de me parler aujourd’hui. Et de me poursuivre sur mon chemin.

L’histoire me parlait aussi beaucoup dans son côté « apprendre à travailler de manière rigoureuse, à élaborer des questions de recherche et à devenir autonome dans l’élaboration et la structuration d’une pensée ».

En même temps, tu te lances dans ces études d’histoire, et déjà pendant ces études tu bifurques vers le théâtre. Qu’est-ce qui t’amène vers le théâtre à ce moment-là, alors ?

Le théâtre, c’est une passion que j’ai encore depuis avant l’histoire. En tout cas bien avant car dès toute jeune j’ai fait de la diction, de la déclamation. Donc j’ai déjà fait du théâtre étant adolescente. J’ai commencé aussi à aller au théâtre très tôt. Et donc pendant mes études d’histoire, je suis abonnée dans les théâtres.

Ce que j’aime aller vivre au théâtre, ce qui m’a attirée le plus, d’abord, au théâtre, c’est le fait de vivre des histoires par l’intermédiaire de ce qui se passe sur scène. Et donc ce que je vais pouvoir faire dans ma vie.

D’ailleurs aujourd’hui, je ne vais plus au théâtre. Et ce que j’aime dire, c’est qu’aujourd’hui je n’ai plus besoin d’aller au théâtre parce que ma vie est du théâtre. Et donc je me dis que c’est moi qui suis au-devant de la scène aujourd’hui.

Mais quand j’étais étudiante, il y avait ce côté : je vais regarder ce que les autres font. Et voir comment je vais le mettre au service, quand j’ai fait ces études théâtrales, de cette création, de cette vie par procuration que j’ai l’impression qu’on peut avoir quand on va voir ce qui se passe sur scène.

Et donc aujourd’hui ce besoin n’est plus là parce que je vis ma vraie vie.

Tu me disais, quand on préparait cet interview, que, au fond, tu avais toujours fait ce que tu voulais. Et qu’en même temps, du coup, les choses que tu voulais étaient toujours arrivées. Puisque pendant tes études, tu découvres le théâtre, tu découvres qu’en fait tu as envie de travailler dans un théâtre, et puis en effet tu commences à travailler dans un théâtre.

Exactement. Déjà pendant mes études d’histoire j’ai fait mon mémoire sur un théâtre. Et, la vie est toujours bien faite, il y avait effectivement un congé de maternité à la fin de…

Qui t’attendait.

Qui m’attendait. Enfin, un congé de maternité, pas le mien, mais une personne qui partait en congé de maternité. Et donc ils avaient besoin de quelqu’un pour intégrer l’équipe. C’est comme ça que j’ai intégré l’équipe, en saisissant une opportunité qui était là. Puisque ce n’était que pour quelques mois. Mais comme ça se passait bien, après quelques mois ils m’ont retrouvé du travail pour quelques prochains mois. Et puis de fil en aiguille je suis restée dix-huit ans dans ce théâtre.

On pourrait dire, du coup, que tu as réalisé ton rêve, puisque tu as été engagée dans ce théâtre. Et même au sein du théâtre tu as un peu bougé, chaque fois en disant : « Je veux avoir ce poste-là », et tu l’as eu, etc. Et puis, il se fait que tu n’es plus au théâtre.

Ça, ça a été aussi un grand facteur de liberté : cette notion d’électron libre. C’est de se dire que, à un moment, ça n’avait plus de sens pour moi. La vie m’appelait ailleurs. Et de se dire que nos rêves, ils ne sont pas les mêmes tout au long d’une vie. Qu’ils peuvent changer, ils peuvent bouger. Et quand ce n’est plus juste de rester à un endroit, c’est bien de quitter pour aller vers ce qui nous attire le plus. Pour aller, en tout cas pour moi, là où j’ai le plus de choses à apporter.

Tu me présentes comme actrice du changement, et effectivement pour moi c’est vraiment ça : c’est de se dire « où est ma contribution, où est-ce que je vais pouvoir contribuer ? »

Du coup, comment fais-tu à ce moment-là, puisque tu as cette place qui te plaît quand même, comment tu fais pour savoir quoi faire d’autre ?

Comment je fais à ce moment-là ?

Oui, parce qu’il y a toujours cette question : j’ai mon boulot, j’ai envie de passer à autre chose, mais c’est quoi, autre chose ? Où est-ce que je trouve l’idée, le projet, le « comment faire », etc. ?

C’est vrai que pendant mes études, j’avais déjà hésité avec la psycho. Et tout ce qui est le travail d’accompagnement, de relation d’aide et de mieux comprendre notre fonctionnement humain est revenu vers moi. C’est ce qui m’a poussée aussi, à un moment, à me dire voilà : j’ai besoin de me former, j’ai besoin de m’ouvrir et d’apprendre de nouvelles choses.

Donc, j’ai atterri dans une formation de PNL, la Programmation Neuro Linguistique, qui est quand même une formation de deux ans. Une formation assez longue et très transformatrice. Je me suis lancée dans cette formation, et après les quatre premiers jours – puisque ça fonctionnait sous forme de modules et de stages – j’étais tout à fait conquise en me disant : là j’apprends quelque chose de nouveau. J’apprends sur moi, j’en apprends plus sur le fonctionnement humain, mais plus sur le fonctionnement humain de l’intérieur, sur comment on fonctionne. En histoire, on apprend le « macro » et les dimensions au niveau de la société. Avec la PNL, j’ai vraiment plongé au cœur de l’être humain. Au cœur des croyances, au cœur de notre fonctionnement. Et surtout au cœur d’outils qui permettent de transformer et qui permettent d’aller vers là où on veut aller. Et de ne pas rester « victime » de notre passé.

Du coup, tu fais cette formation en PNL. Mais tu ne quittes pas tout de suite le théâtre pour autant. Et tu ne t’es pas installée comme coach en PNL non plus. Il y a encore tout le chemin par rapport à l’alimentation… Comment en es-tu arrivée à l’alimentation ? À cet intérêt pour l’alimentation, et pour transmettre…

Mon intérêt pour l’alimentation, il vient déjà depuis toute petite. J’ai toujours aimé manger. J’ai toujours eu un intérêt pour ce qu’il y avait dans notre assiette.

Et puis j’ai eu une maman qui était malade quand moi j’étais enfant, qui a cherché cas à améliorer son état de santé par l’alimentation. Puis à mon tour, juste sortie des études, j’ai aussi été malade. Et donc à mon tour je me suis dit : comment est-ce que je cherche à m’aider et m’accompagner avec une alimentation saine ?

Puisque quand on parle d’alimentation, pour moi, c’est vraiment « comment est-ce que l’alimentation est mon médicament ? », « comment est-ce que l’alimentation est une alimentation saine ? », puisqu’aujourd’hui on est dans un monde où il n’y a plus toujours beaucoup de rapport entre ce que l’on mange et le bien que l’on se fait, à son corps.

Et en plus, saine pour nous, et pour la planète aussi.

Aussi, oui, d’une façon très globale. Dans un premier temps, c’était surtout l’alimentation saine. Et puis cette notion d’alimentation durable est venue peu après. Aussi dans cette conscientisation qui se développe de manière plus globale au niveau de notre société, de revenir à des choses sensées au niveau de notre approvisionnement.

Notre façon de consommer en général.

Notre façon de consommer en général. Et donc au fur et à mesure, à force de faire des cures, des régimes, qu’à l’époque je considérais comme des régimes pour ma santé, en me disant : je peux manger ça et pas ça, etc., j’ai transformé, vraiment modifié mes habitudes alimentaires. Mes habitudes de consommation aussi. Puisque tout l’intérêt c’est d’avoir des bons produits. De retourner à des bons produits qui soient non transformés. Donc c’est de là aussi que toute la dimension sur l’alimentation durable s’est intégrée.

Et pendant ma formation en PNL, finalement, je me rendais compte que pendant les pauses de midi, je venais toujours avec mes pique-niques. Et puis tout le monde me demandait : « Mais Christelle, pourquoi tu as un pique-nique ? Qu’est-ce que tu fais ? »

Et chaque fois, j’étais partie. Je m’emballais dans « ah mais tu sais c’est important parce que ceci, parce que cela… ». Et j’avais toujours cette envie d’expliquer le pourquoi du comment. De donner du sens au fait que j’avais choisi de manger autrement que ce que l’on mange habituellement.

Et donc de là, les personnes qui étaient avec moi me disaient : « Mais Christelle, tu dois faire une formation, tu dois… »

Tu as des choses à transmettre.

J’ai des choses à transmettre. Et comme évidemment la transmission c’est quelque chose de vraiment très important pour moi, ça fait partie de mes valeurs essentielles, eh bien ma formation PNL juste terminée, j’ai passé un été, effectivement, à reprendre tous mes livres, reprendre toutes les lectures que j’avais lues et à rassembler toutes mes connaissances pour sortir, pour « pondre » j’ai envie de dire, une formation autour de l’alimentation saine et durable que j’ai appelée « S’alimenter, une saine et délicieuse responsabilité ».

Et c’est un titre que je continue… Là ça fait dix ans que j’ai conçu cette formation. Ça fait dix ans que je trouve que ça a du sens. Et que le titre, la notion de responsabilité, en tout cas, me parle beaucoup.

Je donne par ailleurs des formations en communication. Et au lieu de parler de communication non violente, j’aime bien parler de communication responsable et bienveillante. C’est pour ça que cette notion de responsabilité, c’est quelque chose qui me parle. Et pour lequel je me sens complètement aussi… aujourd’hui : comment est-ce que je suis responsable de ma vie, et donc comment est-ce que je suis… si j’ai envie de changement dans ma vie, comment est-ce que c’est moi qui l’apporte ? Qu’est-ce que je fais ? Ou qu’est-ce que je mets en place pour que ce changement puisse se faire ? Et pour que je puisse continuer à m’épanouir dans ce que je fais ?

Actrice du changement, ça commence par soi, au fond, en tout premier, et puis ça peut se transmettre et rejaillir…

Exactement.

Du coup avec l’alimentation, la PNL, tout ça, il y a cette transition qui se fait un peu en douceur, au fond. Puisque tu diminues ton horaire au théâtre pour t’installer petit à petit…

Oui, petit à petit, vraiment. Au départ – je suis une grande gourmande, tant dans l’alimentation, gourmande dans la vie, gourmande dans les activités, et donc même si au niveau du théâtre j’avais un peu fait le tour de la question, dans mes activités professionnelles et dans ce que j’avais à apprendre.

J’avais du plaisir à être là. J’avais surtout du plaisir à être en équipe avec mes collègues. Donc je n’avais pas envie de quitter. Et puis en même temps j’avais envie de développer plein d’autres activités. Donc c’est vrai que j’ai développé cette formation, que je donnais en soirée, au départ. Après mes journées de travail au théâtre.

Et puis en diminuant, effectivement, mon emploi du temps, j’ai commencé à développer des activités sur base de cette formation en PNL. À la fois accompagner des élèves en décrochage scolaire. Et puis donner des formations pour adulte, au départ en job coaching et puis de plus en plus dans les ressources humaines, dans les domaines de la communication, de l’estime de soi, de la gestion du stress et de la gestion des émotions.

Mon public s’est de plus en plus réorienté vers les enseignants. Parce que le monde de l’éducation est un milieu qui me passionne et dans lequel je pense qu’il y a énormément à faire aujourd’hui, énormément à transformer. Et donc les premiers acteurs du changement, dans le monde de l’éducation, c’est aussi les enseignants. Et donc j’ai aujourd’hui à cœur, vraiment, de pouvoir m’intégrer dans le cadre de leur formation continue. Pour pouvoir leur proposer une autre manière de voir le monde, de voir les jeunes. Et surtout de leur donner des outils pour que, eux, puissent accompagner des jeunes à déployer leur potentiel.

Parce que ça, je crois vraiment que c’est au cœur aussi. « Actrice du changement », pour moi, c’est comment est-ce que chacun peut déployer son potentiel et peut contribuer au monde avec ce qu’il a envie de faire. Et donc peut vivre la vie de ses rêves.

C’est ça que, aujourd’hui, à la fois tu t’adresses aux enseignants avec la gestion des émotions, la gestion du stress, la communication pas « non violente » mais « responsable et bienveillante ». Donc tu crées les formations, tu donnes les formations, et puis tu as les activités liées à la nutrition responsable aussi… C’est assez éclectique finalement comme activités. C’est important pour toi, ça, que ce soit varié ?

Oui ! C’est important parce que… Moi je n’aime pas faire la même chose tous les jours. Et puis j’aime surtout relever des nouveaux défis. Donc par exemple dans le cadre de l’alimentation, c’était un défi de concevoir une formation. Et de me dire « c’est moi qui l’ai conçue ». De rassembler toutes mes idées, de les transmettre. De développer, à côté, du coaching individuel… Donc là je pense que j’ai encore beaucoup de choses à faire et à apprendre. Je n’ai pas encore fait le tour de la question.

Et puis là, plus récemment, j’ai découvert une société qui propose des compléments alimentaires. Qui propose des produits cosmétiques qui sont sains et qui pour moi sont tout à fait complémentaires à une alimentation saine.

Alignés avec ce que tu fais par ailleurs dans l’alimentation.

Tout à fait, qui sont en lien. Et d’avoir un super défi aujourd’hui : pouvoir effectivement développer cette activité au travers des réseaux sociaux. De pouvoir créer une équipe qui va pouvoir collaborer avec moi dans la diffusion de ces produits et de ce concept.

Et du coup j’ai de nouveau plein de choses à apprendre. Et ça pour moi c’est important. En tout cas dans la vie, c’est de ne pas faire tout le temps la même chose. Et surtout de continuer à apprendre, et donc d’avoir des défis.

Et donc ici, ce qui m’anime en variant les activités, tout en ayant une ligne directrice qui est… qui pour moi est très claire en tout cas, d’être dans cette lignée de transmission, de déploiement de potentiel, de bien-être et d’épanouissement de chacun. Ça, c’est vraiment ce que je vise, au travers de ces différentes activités.

Et moi, personnellement, j’ai toujours de nouveaux défis. En développant une nouvelle activité, ou en créant une nouvelle activité, c’est un nouveau défi pour moi. C’est des nouvelles techniques à apprendre, c’est des nouveaux outils à découvrir. Je trouve ça passionnant. Des nouvelles choses à créer. Et la créativité c’est pour moi quelque chose de très important aussi.

C’est au fond ce que tu disais tout à l’heure, qu’à la fois tu te sens juste, à ta place, parce que ce que tu fais maintenant est complètement en accord avec qui tu es, avec tes valeurs, avec ce que tu as envie de transmettre. Et à la fois, de toute façon, tu as toujours besoin de nouveaux défis, de nouveaux projets. Don c’est ta place, mais c’est une place qui évolue en permanence ?

Bien sûr ! Mais ça, je pense que c’est quelque chose d’important ! Très souvent, on se sent… certaines personnes se sentent limitées en disant… n’osent pas se définir, en disant voilà ce que je vais faire.

Mais en fait, ce qui est juste pour nous aujourd’hui, c’est juste là, maintenant. Et peut-être que demain ce ne sera plus juste. Peut-être que dans six mois ça ne le sera plus, ou que ça le sera encore. On est en évolution constante, et donc on change.

Moi, aujourd’hui, je n’ai aucun souci, alors que le théâtre a été toute ma vie à un moment, de pouvoir dire, aujourd’hui, qu’en fait je n’ai plus envie d’aller au théâtre. Ça ne me dit plus rien. Et je n’ai pas du tout l’impression que je renie ce qui a été important à un moment. Mais aujourd’hui ça ne remplit plus sa fonction, ça ne remplit plus son besoin. Et donc je passe à autre chose.

Et dans cette capacité, justement, à ce moment-là, à passer à autre chose. Donc dans cette capacité à écouter ton cœur et tes besoins vitaux, mais peut-être du coup en écoutant un peu moins le besoin de sécurité, qui est quand même un besoin assez répandu… qu’est-ce qui a fait que tu as quand même choisi d’écouter ton cœur ? Est-ce parce que tu es née dans la marmite de la confiance en soi ?

Non ! C’est beaucoup de travail sur soi !

Par rapport à cette sécurité, et c’est très intéressant que tu en parles, parce que c’est vrai que le besoin de sécurité il est présent chez tout le monde… Je pense que la sécurité, foncièrement, elle est à l’intérieur. Et elle est là aussi à partir du moment où on sort du cadre.

En fait, souvent, on se dit qu’on a besoin d’une sécurité parce que… J’ai besoin d’un CDI parce que qu’est-ce qui va se passer si je ne l’ai plus… Qu’est-ce qui va se passer si je ne sais plus payer mon loyer…

Mais de manière générale, en tout cas ce que moi la vie m’a appris, c’est que je trouve toujours ce dont j’ai besoin. Enfin, ce dont j’ai besoin, si j’ai besoin de trouver un logement et de payer un logement, je trouve le moyen de payer ce logement. Et ce n’est pas le CDI qui me le permettra. Pas plus qu’un CDD ou qu’une activité d’indépendante.

Je sens bien cette importance de la sécurité… Il y a besoin d’un minimum de sécurité. Donc bien sûr je ne vais pas tout envoyer en l’air, quitter mon travail du jour au lendemain, si je ne sais pas vers quoi aller. Et ça je ne l’ai jamais fait. C’est aussi pour ça que j’ai, à un certain moment, cumulé différentes activités.

Oui, pour moi, à ce niveau-là, il y a la différence entre quitter une sécurité, qui de toute façon n’est que relative et beaucoup dans la tête, et se mettre en danger.

Voilà, exactement. Se mettre en danger, ça je n’ai jamais fait.

Voilà : avec la transition qui se fait en douceur de « je diminue mes heures, je développe mes activités », etc., il y a moyen de faire les choses en douceur, quoi. Pas le grand saut dans le vide sans parachute.

Exactement, il y a moyen de faire les choses en douceur. Et puis aujourd’hui, on est dans un système qui permet aussi de développer une activité tout en ayant des revenus. Même si c’est des revenus issus du chômage, c’est possible. Il y a des tremplins indépendant aujourd’hui qui sont proposés. Donc il y a quand même une société qui nous permet de nous aider. Même si effectivement quand on se retrouve au chômage on n’a pas autant d’argent que quand on travaille. Mais à partir du moment où on développe des activités, on combine les deux. Il y a vraiment la possibilité de développer cette sécurité.

Et surtout, avec le temps, la sécurité, c’est : comment est-ce que la sécurité se met à l’intérieur ? Ça, je pense que je l’ai vraiment découvert avec la pleine conscience. Pouvoir revenir au moment présent. Et quand on revient dans le moment présent, on sait que le danger n’est pas là.

Par exemple au moment des attentats c’était la même chose : on se stresse, mais à quoi ça sert de stresser ? Parce que… on se stresse, on se panique, on se sent en insécurité. Mais le danger n’est pas là. Il n’est jamais là dans l’instant présent. Et si le danger est là, en général il est trop tard pour qu’on en ait conscience.

Et on gère la situation de crise.

On va gérer, en plus, la situation de crise. Mais aussi, si c’est mortel, de toute manière la situation de crise elle n’est plus à gérer. Et on ne sait rien faire contre ça, ou face à ça.

L’insécurité, c’est toujours une projection d’imaginer le pire à l’avance.

C’est toujours une projection d’un rapport entre notre passé et notre futur. Qu’est-ce qui s’est passé dans le passé ? Qu’est-ce qu’il y a eu ? Ou à quoi j’ai eu droit, ou qu’est-ce que j’ai eu ? Qu’est-ce qui pourrait se passer dans le futur ? Et si, et si, et si, et si…

Or ça, c’est sûr, c’est très anxiogène. C’est un gros frein, une grosse limite pour déployer son potentiel et pour aller vers ce vers quoi on veut aller. Alors qu’effectivement, la vie nous montre nombre de personnes qui choisissent d’aller vers ce pour quoi elles sont faites, trouvent leur place et gagnent très très bien leur vie.

Comme s’il y avait quelque chose de juste qui se mettait entre « je suis à ma place », donc « je donne le meilleur » et « je reçois le meilleur » aussi.

Tout à fait.

La recette de l’abondance.
Pour clôturer cet interview, ma dernière question, qui est la même pour tout le monde et qui est : quel serait, toi, ton conseil à 3000 $, ou à 3 millions de $, le chiffre il change à chaque fois, mais ça c’est pas grave… le conseil que tu donnerais à quelqu’un qui est peut-être dans une situation rassurante, sécurisante mais routinière et qui s’ennuie un peu, et qui n’ose peut-être pas changer, ou qui ne sait pas quoi faire pour changer, et pour trouver son projet de vie, pour vivre la vie qui lui correspond vraiment ? Ton conseil à toi. Ou tes conseils.

Alors mon conseil à moi, mes conseils, c’est de développer sa vision. Qu’est-ce que je veux ? Vers où je veux aller ? Quelle serait ma vie de rêve ? Ou quel serait le monde rêvé dans lequel je serais ? Et pour ça, c’est important de savoir qui je suis. Si je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas quel monde je veux. Ou quelle vie je veux mener.

Et donc pour moi, le premier conseil c’est de savoir qu’est-ce qui fait que je suis là ? Pour quoi est-ce que j’ai envie de contribuer ? Quelles sont mes valeurs ? Qu’est-ce qui, moi, me fait vibrer de l’intérieur ?

Et donc ça, c’est pour moi tout ce travail personnel, tout ce travail sur soi qui porte ses fruits de manière magnifique ! Qui parfois peut se faire très très vite, parfois prend plusieurs années. En tout cas, on n’a jamais fini d’en savoir plus sur soi. Mais donc c’est vraiment revenir à ça.

Et la deuxième chose, surtout, c’est sortir du cadre. Arrêter de faire toujours un peu plus de la même chose. Souvent, quand on se retrouve dans une situation qui ne nous convient pas, on va se dire : « ok, et si je faisais autrement ? » Mais souvent, cet « autrement », c’est souvent une autre version d’une même, d’un même type de solution.

Si je suis salariée, et que je me dis que je peux changer de vie et que je cherche un autre boulot de salariée, ça c’est faire un peu plus d’une même solution. Je vais faire un job. Et puis un deuxième job. Puis un troisième job. Alors que c’est toujours la même chose puisque c’est toujours un boulot de salarié, avec un horaire de bureau, derrière un ordinateur… alors que peut-être, pour cette personne, ce dont elle a besoin, c’est de courir dans la nature.

Et donc c’est ça. Quand on se dit « revenir à sa mission de vie » c’est : de quoi est-ce que moi j’ai besoin ? Ok, si moi, ce qui me fait vibrer, c’est de vivre dans la nature, quelles sont les activités que je peux faire en étant dans la nature ?

Et il y en a plein.

Et il y en a plein ! Mais c’est vraiment sortir du cadre. Parce que, au début, on va se dire : mais non, ça ce n’est pas un travail. Et de se rendre compte qu’en fait il y a plein d’activités qui ne nous semblent pas un travail, et qui en fait en sont un, ou peuvent en devenir un.

D’ailleurs si on ouvre un peu les yeux, on le voit bien. Actuellement, il y a des tas d’activités différentes qui… des tas de gens qui créent leur métier comme ça. Et qui font des activités lucratives qui sortent complètement du cadre.

Tout à fait.

Et ça marche à fond.

À fond.

Parce qu’elles sont à leur juste place.

Oui. Et ça pour moi, la justesse, je crois que c’est quelque chose d’essentiel. À partir du moment où on est à sa place. Et où on est aligné sur sa mission de vie. Aligné sur qui on est. Et qu’on peut contribuer au monde, à un monde plus juste, et plus égalitaire, et plus solidaire, les choses se mettent en place. Et donc on reçoit aussi ce dont on a besoin.

Les opportunités arrivent quand on identifie clairement ce dont on a besoin et ce qu’on veut. Si on n’a pas de vision, on ne va pas voir les opportunités venir à nous. À partir du moment où on sait vers où on veut aller, et qu’on sait qui on est, qu’on connaît ses forces, qu’on sait ce qui nous intéresse et ce qui ne nous intéresse pas…

Et ses faiblesses aussi.

Et ses faiblesses, voilà, c’est ça. Qu’on s’identifie bien dans toutes nos composantes, alors on va pouvoir saisir les opportunités qui viennent à nous.

Des opportunités il y en a plein, mais si on reste dans le cadre, on ne les voit pas. Et donc c’est… ouvrir les yeux.

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