Quand j’ai entendu parler de Danièle Verleysen, j’ai tout de suite eu très envie de la rencontrer. Et d’avoir la chance de récolter en vidéo son témoignage, son parcours. Parce que c’est un parcours très singulier qui fait qu’aujourd’hui elle est passeuse de paix.
Une paix qu’elle passe grâce à l’enseignement du yoga. Que ce soit en individuel, en groupe, en stage, en forêt… Un panel d’activités qu’elle a été amenée à développer suite à une grosse rupture dans sa vie. Une rupture qui s’est produite au moment de la quarantaine.
Un parcours qui va énormément inspirer chaque personne qui se pose cette fameuse question du sens de l’existence.
Voir l’entretien en vidéo :
Pour en venir à ça, je voulais qu’on commence par explorer la première phase de ta vie, avant la rupture de la quarantaine. Parce que déjà dans cette première phase tu as un parcours atypique. Puisque tu as essayé plein, plein de trucs : prof de fitness, conseillère en nutrition, tu as fait de la gym en forêt, tu as étudié la graphologie et la psychanalyse…
Donc plein de choses, et je voulais que tu nous parles davantage de cette phase-là et de ce qui t’animait à cette période-là. Qui fait que tu avais autant la bougeotte.
Ce que je dirais, c’est que comme tout le monde, je cherchais le bonheur. Et comme tout le monde, je le cherchais dans le monde.
Notamment, je pensais que faire un métier qu’on aime, ça peut donner le bonheur.
Le tout premier métier que j’ai fait, c’était secrétaire de direction. Après ½ heure dans les bureaux, je suis tombée en dépression, en me disant « c’est vraiment pas pour moi ».
À partir de là, je me suis dit « il faut que j’étudie autre chose, il faut que je fasse autre chose. » C’était la graphologie à cette époque-là.
En fait, dans cette recherche du bonheur – très intense, parce que j’ai un caractère assez entier – il y a un sujet qui m’intéressait, je me disais « tiens, je pourrais être graphologue ». J’étudie à fond, cours du soir, etc. Puis, au bout de 3-4 ans non, c’est pas ça.
Après ça a été la psychanalyse, il y a eu le passage par l’aérobic, le fitness. Ça m’a fait également étudier différentes matières. Vivre dans différents pays. Avoir de nombreuses relations amoureuses, mariages et autres… Toujours dans cette recherche du bonheur.
Jusqu’à un moment, peu après quarante ans… Disons que la recherche, elle a commencé à vingt ans. Entre vingt et quarante ans il y avait cette recherche.
Tu avais conscience de rechercher un bonheur que tu ne trouvais pas, donc tu passais à une autre activité, tu ne le trouvais toujours pas…
C’est ça. Mais ce n’était pas encore une quête de sens, à ce moment-là. Je n’étais pas encore animée par une quête de sens. C’était vraiment une recherche de bonheur.
À quarante ans, je me suis retrouvée dans une situation qui était vraiment très sympa, à plein d’égards. Qui me nourrissait sur certains plans.
Qui aurait pu ressembler au bonheur. À une image carte postale.
À l’idée que je me faisais du bonheur. À l’idée que je m’en faisais. Parce que chacun se fait son idée du bonheur.
Pas carte postale, mais des choses qui étaient importantes pour moi. J’avais déjà identifié, vers 34-35 ans ce qui était important pour moi. Finalement j’avais trouvé une situation qui y correspondait assez bien.
Notamment sur le plan matériel j’étais très gâtée. Sur d’autres plans aussi.
Au bout de sept ans de cette vie avec quelqu’un que j’ai beaucoup aimé, qui était passionnant, etc., mais… Je me suis dit : « J’ai tout, il manque encore quelque chose. Et cette vie n’a aucun sens »
Là, je me suis dit que ça n’avait aucun sens. Et que ça ne servait plus à rien de chercher à l’extérieur. Il va falloir chercher ailleurs. Il va falloir chercher à l’intérieur.
J’avais quand même entendu parler de deux-trois bouquins, j’avais lu Paule Salomon… et Claude Salomé… ?
Jacques Salomé ?
Jacques Salomé, c’est ça. Ce genre de livres qui avaient déjà éveillé certaines questions, et puis voilà…
Il y a vraiment eu un retournement, mais presque brutal ! Ce n’est plus dans cette direction-là qu’il faut chercher. C’est dans l’autre.
Et donc ça m’a fait quitter cette situation confortable et amusante et agréable, dans laquelle je me trouvais. Et là, je me suis vraiment mise en chemin.
Mais je ne savais pas dans quelle direction aller. Je ne savais pas très bien où trouver ça. Comment trouver.
À l’époque, je ne sais plus par quel biais, par quelle relation… j’ai fait un peu de Reiki, j’ai fait un peu de chamanisme, j’ai suivi quelques stages… J’ai trouvé ça vraiment très intéressant. Mais je sentais que ce n’était pas ça.
Pendant deux ans, comme ça, j’ai cherché. Jusqu’à ce que je trouve le yoga.
Comme la plupart des gens, je pensais que le yoga c’était de la gymnastique douce. Ou pas douce, des postures bizarres… Je n’avais aucune idée de ce qu’il y avait derrière, en fait.
Un de mes amis m’a invitée à une petite retraite de trois jours, ici en Belgique, avec Marie-Agnès Bergeon qui, à l’époque, enseignait à Terre du Ciel, une école assez connue en Bourgogne. Enfin dans le Jura, entre la Bourgogne et le Jura.
Et donc c’était une petite retraite de trois jours où on a fait différentes choses : il y avait du haltha yoga, il y avait des pratiques corporelles, mais aussi un enseignement à propos des écritures et de la sagesse de l’Inde, des chants, un peu de promenades, un peu de bénévolat, on participait à l’organisation du weekend, etc.
Là, j’ai compris ce que c’était que le yoga. Enfin bon, compris c’est un grand mot. Disons que je me suis rendu compte que ce n’était pas juste de la gymnastique.
Ça m’a vraiment donné envie de me former pour devenir professeur de yoga. Avec un objectif plus de développement personnel que dans le but d’enseigner par la suite.
Même si j’étais professeur de fitness, à l’époque, et que j’aurais pu donner cours de yoga.
Donc je me suis inscrite à l’université Terre du Ciel, l’école de professeurs de yoga. C’était très intéressant. Et très rapidement, j’ai rencontré mon maître. C’est trop long à raconter comment, mais c’est assez magnifique.
Quand j’ai entendu son enseignement, je me suis dit : « C’est ça que j’ai cherché toute ma vie. Sans le savoir. Voilà ce que j’ai toujours voulu entendre. Sans le savoir. Et enfin, la vie a un sens. Je n’irai plus jamais nulle part ailleurs, c’est ça. »
À partir de là – ça c’était il y a une dizaine d’années – c’est intéressant aussi comme la vie… Il faut croire en son destin, en fait. Tout se déroule comme ça doit se dérouler.
Il y a chez toi, à ce moment-là, on sent bien ça, de la rencontre avec le yoga, et de là la rencontre avec ton maître, ça a l’air d’être une évidence. Donc tu suis l’évidence qui se place devant tes yeux.
Oui, tout simplement.
J’avais envie de rajouter qu’il y a eu des changements assez radicaux, dans ma vie. Des ruptures assez fortes que j’ai effectuées. Tant de mon mariage que de ma profession. Une première fois quand j’étais plus jeune et une deuxième fois plus tard. Et chaque fois, mon entourage me disait que j’étais complètement folle de quitter une situation aussi stable et confortable ou protectrice, etc.
Et je me rappelle qu’à l’époque, surtout la deuxième fois, je répondais : « Je ne peux pas vous expliquer pourquoi je sens que je dois le faire. Il y a une force qui me pousse… Je ne sais pas où je vais mais je sens… C’est une question de survie. Il faut que j’y aille. »
Presqu’un « pas le choix », en fait.
Oui. Aujourd’hui, évidemment, je sais que c’est le karma. Mais à l’époque, je ne croyais pas du tout à tout ça. Je n’avais aucune idée de ce que c’était. Mais voilà, c’était comme une impulsion irrépressible.
C’est vrai que ça paraissait très dangereux. Je me suis chaque fois retrouvée dans des situations matérielles très, très difficiles. Mais chaque fois… Bon, j’ai remonté. La vie m’a permis d’en sortir.
Par rapport à ce genre de changements, et des changements qui peuvent faire peur à l’entourage, tu as rencontré ton maître et tu l’as suivi, puis tu as complètement changé de vie. Tu es partie en Inde avec lui, c’est juste ?
Oui, alors je reviens d’abord sur ce que tu dis par rapport à l’entourage. Mon entourage m’avait déjà vue tellement changer. Ils se sont dit : « Ça, c’est une lubie de plus. Comme toutes les autres, dans 3-4 ans, elle changera. » Ils n’ont pas pris ça au sérieux.
Et puis, évidemment, il y a eu une certaine méfiance : qu’est-ce que c’est que ce maître ? Qu’est-ce que c’est que cet enseignement ? Est-ce que ce n’est pas une secte ?
Mais bon, en attendant, j’étais majeure et vaccinée, j’avais quarante ans… C’était ma vie.
Et toi, tu n’avais pas peur.
Non. Mais j’ai quand même été prudente. Parce que… On entend tellement parler de faux gourou… Même, je pense à quelqu’un dernièrement, qui a beaucoup de succès, puis on vient de révéler des tas de choses à son sujet.
Voilà, donc j’étais très… je n’aime pas le mot « méfiante », mais…
Vigilante ?
Oui. Donc avant de m’engager auprès de ce maître-là j’ai fait plusieurs retraites. J’ai été en Inde. Je voulais voir, aussi, comment il était dans l’ashram. Et puis je n’ai plus eu aucun doute.
Et bon je me suis dit ok, c’est lui, je m’engage. Parce qu’en fait, il faut s’engager, à un moment donné.
Tu parles d’engagement. C’est un engagement à adopter un certain mode de vie, à suivre l’enseignement de ce maître, à le suivre quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse ? Quelque chose comme ça ?
Oui, cela dit, il faut bien spécifier qu’un maître de cette qualité-là va toujours vous laisser libre. Le disciple est toujours libre d’obéir ou de ne pas obéir. Mais un disciple avisé sait qu’il a tout intérêt à suivre les conseils ou les suggestions du maître. C’est très rare qu’un maître impose comme ça quelque chose.
Mais donc oui, il s’agit d’un engagement. En fait, c’est vis-à-vis de soi-même : je veux trouver ça. Entre guillemets, pour utiliser un mot très à la mode actuellement, j’ai pris un coach spirituel. Façon de parler, mais voilà.
Quelqu’un qui est arrivé là où je souhaite aller. Qui sait comment faire. Hé bien, je lui fais confiance.
Et donc effectivement, c’est suivre ses conseils. C’est mettre en pratique ce qu’il partage dans ses enseignements. Ce qui est assez simple, en terme de pratique.
Enfin, simple… C’est parfois trop simple pour qu’on le fasse. Parce que le plus gros obstacle dans tout ça, c’est ce qu’on appelle le mental.
Et donc même s’il y a cet appel, et cette envie, cette volonté… l’ego participe, mais en même temps il résiste aussi. Et le maître il est là pour nous débarrasser de cet ego. Et ce n’est pas toujours confortable.
Mais à partir du moment où on est engagé, et où on a confiance – ça c’est le plus important…
Et sans doute qu’on a besoin, aussi, d’avoir vécu soi pour pouvoir le transmettre après. Savoir que la route n’est pas facile. Et donc comprendre quand les autres ont exactement les mêmes difficultés.
Le fait de les avoir vécues, permet d’abord d’être tolérant, par rapport aux autres personnes qui sont au début de leur chemin. De les comprendre et de pouvoir bien les aiguiller.
Mais surtout, attention, je ne suis pas instructrice spirituelle. Simplement, pouvoir écouter, reconnaître la difficulté de la personne, et savoir d’où ça vient, ça… Ça permet de mieux écouter, je dirais. De mieux accompagner.
Ce que je fais aujourd’hui est parfaitement juste, mais je ne suis pas au bout de mon chemin. Je suis toujours en formation.
C’est intéressant aussi, ça. J’avais envie d’en parler. C’est que mon objectif, même si, au début, je pensais que faire le métier que j’aime, ça allait me donner le bonheur, ça n’a plus du tout été mon objectif une fois que j’ai décidé de trouver la paix intérieure.
C’était la seule chose qui comptait : trouver cette paix intérieure. Donc j’ai tout laissé tomber. Tout.
Et très curieusement, en faisant du but de ma vie de trouver cette paix, chemin faisant, j’en suis arrivée à exercer le métier idéal.
C’est ça qui est très intéressant : ce n’était pas mon objectif. Je ne cherchais plus ça. Et je me retrouve aujourd’hui à faire quelque chose qui me convient parfaitement. J’ai trouvé ma voie/x, au propre et au figuré. Avec un « e » et avec un « x ».
Ça aussi j’ai envie de dire : quand j’étais petite, c’était un vrai problème pour moi, à l’école, en primaire : « Qu’est-ce que vous voulez faire, plus tard, quand vous serez grandes ? »
Je cherchais, et je ne trouvais pas. Et j’enviais les filles qui disaient « Moi, je veux être infirmière, vétérinaire, professeur… » Je ne savais vraiment pas quoi.
Il y avait plein de choses qui m’attiraient, plus tard, à l’âge de choisir des études. Plus les arts et les lettres. Et la philo, la psycho, ces choses-là. Les langues. Et l’écriture. J’avais un talent d’expression écrite et orale.
Mais aucune matière ne me passionnait suffisamment pour que je me lance dans cinq années d’études à l’université. Ça me paraissait… trop ardu.
Je n’étais pas studieuse, je n’étais pas intellectuelle, en fait. Donc finalement, mes parents m’ont dit : « Tu fais un secrétariat de direction, c’est jamais perdu. » À l’époque, c’était un graduat qui durait deux ans.
Donc je l’ai fait. Évidemment très facilement. J’ai fait une distinction, puis j’ai trouvé un boulot, puis je me suis rendu compte que ce n’était pas du tout pour moi.
Mais donc aujourd’hui, effectivement, ce que je fais, ça coule. C’est juste partager quelque chose qui est là.
Et j’y trouve beaucoup de joie, même si je ne cherche même pas la joie dans mon travail. Parce que je sais que ce qu’on cherche est au-delà d’une joie humaine liée à quoi que ce soit de ce monde.
Ça n’empêche pas qu’il y a un bonheur à partager ça. Les toutes premières séances, je n’oublierai jamais, j’ai vu le visage des personnes, à la fin de la séance… je ne m’y attendais pas. Ça a été une belle surprise.
C’est une confirmation, aussi.
Oui, oui, sans doute.
Donc voilà, aujourd’hui ce que je fais me convient vraiment bien, je suis très heureuse de le faire, mais…
Demain…
Demain, ce sera peut-être autre chose.
Tu viens de répondre là à une question que je me posais, à propos d’une chose que je trouve aussi frappante dans ton parcours, de nouveau si on prend avant-après : avant, avec des activités comme l’enseignement du fitness, ou le conseil en nutrition, ou la gym en forêt, par rapport à l’enseignement du yoga, que tu fais aussi en forêt, finalement, au niveau activité, ce n’est pas si loin.
Non.
Le changement, c’est ce qui se passe à l’intérieur, en fait ?
Certainement. Et aussi, j’ai envie de dire… J’ai envie de dire deux choses.
La première, c’est qu’à la naissance, il y a les fées qui se penchent sur notre berceau, comme dans Cendrillon. Il y a une seule grande fée qui nous dote de tous les talents dont nous aurons besoin pour la servir.
À la naissance, nous recevons les talents pour remplir le rôle que nous avons à remplir dans la vie.
La deuxième chose que j’ai envie de dire, c’est que… Tout ce que nous faisons n’est jamais perdu. En fait, le métier de secrétaire de direction, que je détestais, me sert énormément aujourd’hui pour gérer ma comptabilité.
Tu es ta propre secrétaire de direction.
Je suis ma propre secrétaire de direction.
Et voilà, tout ce que j’ai fait me sert aujourd’hui. Et de nouveau, ça ramène au fil rouge, à notre karma, à notre destin. Une chose mène à l’autre, inévitablement.
C’est plus facile de le dire après, mais en effet on voit que tout est juste.
Oui. Alors pour moi, j’avais cinquante ans quand j’ai trouvé le métier idéal, si on peut dire. C’est tard ! Mais voilà.
C’est un chemin qui s’est fait et qui, pour autant, n’a pas été perdu, comme tu viens de le dire.
Exact.
Autre chose que je me demandais : tu l’as dit à plusieurs reprises « le bonheur absolu » ou « la paix absolue »… Face à ça, il y a l’ego. Moi, mon ego, il a cette croyance que cette unité, ou cet absolu, ça n’existe pas sur Terre. C’est une croyance que je peux laisser derrière moi ? On a vraiment cette possibilité de paix absolue en étant incarnés sur Terre ?
Absolument. Elle est en toi, maintenant. Elle est en chacun de nous, en permanence.
La paix qu’on découvre en soi quand on a apaisé le mental, c’est un premier niveau. C’est juste découvrir un calme intérieur. On est déjà très surpris.
Mais en fait, elle est tout le temps là. Simplement, on ne peut pas la sentir parce qu’elle est voilée par cette agitation mentale constante.
Quand on fait des pratiques sérieuses, accompagnées par un maître – ou une, il n’y a pas que des maîtres masculins – et que, finalement, on mûrit, on évolue, et que se révèle notre nature véritable, oui…
Disons qu’il y a eu un éveil, ici, qui m’a permis de me rendre compte que tout ce que disent les sages d’Inde est exact.
Donc oui, et ça c’est la bonne nouvelle. Mais bien sûr qu’il faut avoir cette aspiration. Il faut se donner tout entier à cette quête. Et ça se révèle.
Il faut aussi… Je n’aime pas trop le mot « il faut », mais… Il y a peut-être, quand même, une question de karma. Et c’est pas forcément dans cette vie-ci que ça va se révéler pour tout le monde.
Ce que les sages nous disent, c’est qu’on a vécu des centaines de milliers de vies. Mais à un moment donné, il y a la dernière. Et on trouve qui on est véritablement.
Alors… rien que le fait d’entendre ce message-là signifie qu’il ne nous reste plus tellement de vies à vivre.
On ne peut pas l’entendre plus tôt ?
Mais non. Il y a des gens qui n’en entendent jamais parler. Par exemple, moi, quand j’ai entendu ce message, j’avais quarante ans. Pourquoi je n’ai pas entendu avant ?
Il y en a qui n’entendent jamais, pendant des vies, des vies et des vies. Puis parfois on l’entend, mais on n’est pas prêt forcément à… On dit « Ah, c’est intéressant. » Mais on n’est pas prêt forcément à plonger.
Jusqu’au jour où on dit « Maintenant, c’est ça que je veux. Absolument. Et je mets toute la gomme. »
Mais qui met toute la gomme, finalement ? Ce n’est pas ma petite personne. On a l’impression qu’on le fait sur le plan de la personne. Mais en fait c’est Soi, c’est le Soi qui fait tout, en fin de compte.
Mais oui, c’est ici et maintenant. Et j’aime bien la phrase du Christ, quand il parle du Royaume des Cieux. On a toujours l’impression que c’est quelque part, loin. Que c’est après la mort. Mais pas du tout ! C’est ici et maintenant.
C’est en nous, et c’est déjà là. Simplement, ce qu’il faut faire, c’est éliminer ce qui nous empêche de le voir.
Pour revenir encore sur un moment particulier de ton parcours, tu as rencontré ton maître, et tu as été jusqu’à vouer ta vie à la méditation… et/ou à ses enseignements, je ne sais pas précisément, pendant sept années. Jusqu’à ce que ce soit lui qui te dise « Maintenant, il est temps d’aller transmettre tout ça. » Il a dû y avoir un côté très… brutal – c’est moi qui le vois comme ça – et limite effrayant. Comment est-ce que toi, tu as vécu ça ?
Alors, ça n’a pas été dit comme ça, justement. Au bout de sept ans, où je n’ai fait, effectivement, que les pratiques… J’étais sans domicile fixe, c’était un choix. Mais j’étais « SDF de luxe », parce que je passais d’un endroit à l’autre…
Des gens me prêtaient des maisons, j’étais en Inde… Je n’étais pas tout le temps en Inde. Je passais tous mes hivers en Inde, j’allais, je venais. Ou je gardais des maisons avec des chats, des chiens. Parfois je louais un appartement pendant trois mois, etc.
Je vivais seule et en silence. Et je faisais mes pratiques. Il y a différentes pratiques qu’on peut faire, bien sûr, dans une journée. Et même la nuit.
Donc évidemment, après sept ans d’intensité comme ça, il y a eu une évolution. Un certain mûrissement. Jusqu’à une certaine étape. Et là, je sentais moi-même que j’étais arrivée au bout de quelque chose. Qu’il fallait passer à autre chose. Sept ans, c’est aussi symbolique.
Là, effectivement, il y a eu une conversation avec mon maître. Il ne m’a pas dit « Toi dois. », ce n’est pas du tout comme ça.
Ce qui se dit entre gourou et disciple, ça ne se révèle pas comme ça. Mais disons que ça a été très subtil. Ça a été juste suggéré, induit. Et j’ai senti « ok, c’est ça que je dois faire. Je dois retourner dans le monde, recommencer à travailler. »
Et effectivement, c’est la dernière chose que je voulais. En Belgique, en plus ! Je n’ai jamais été fan… Heureusement qu’il y a la forêt de Soignes, à Bruxelles.
Bref, j’ai obéi. Voilà. Ça, c’était le plus important à cette époque-là. C’était d’obéir. Même si ça n’était pas imposé. Mais je savais, je sentais.
Obéir à ta voix intérieure aussi, en fait.
Oui, parce qu’en fait, ça aussi c’est une chose importante à savoir : un gourou extérieur, c’est juste le reflet du gourou intérieur. Et même, ils disent « un pâle reflet ».
Mais quand il y a encore toute cette agitation mentale, qu’on ne voit pas clair, on entend des choses ! On a son intuition, etc. Mais parfois, on n’a pas du tout envie de l’écouter.
Quand on se pose des questions, et qu’on a la chance d’avoir un maître et qu’on peut lui demander de confirmer, ou d’infirmer ce qu’on croit avoir entendu, c’est une énorme chance.
Donc voilà, effectivement il y a eu cette suggestion de revenir dans le monde, de recommencer à travailler, à laquelle j’ai obéi. Et c’était à la fois intérieur et extérieur.
Ça a été un fameux challenge, parce qu’effectivement, après sept ans où on ne fait que méditer, promener, chanter le nom de Dieu, lire les écritures, faire des retraites… C’est une vie quand même assez agréable. Même s’il y a des aspects moins faciles, mais…
Du jour au lendemain, je me retrouve à devoir me lancer comme indépendante. Avec zéro euro sur le compte en banque, ou pas grand-chose. Ça met une pression assez importante.
Aujourd’hui ça fait quatre ans, peut-être même cinq, je vois ce que ça m’a enseigné ! C’était effectivement une très bonne chose. Ça m’enseigne toujours.
Retourner dans le monde après avoir vécu ces sept années de retraite, c’est très intéressant. Ça permet de mieux se rendre compte de la nature humaine, de la nature du mental.
Et aussi, je pense qu’il y a pas mal de personnes qui sont attirées par la spiritualité pour fuir le monde. Parce que ce n’est pas facile de vivre dans le monde. On est bien d’accord. Surtout le monde actuel. Mais beaucoup de gens fuient, et ce n’est pas la solution. Ce n’est pas forcément ce qui va les faire grandir.
Une amie m’avait un jour souhaité pour ma nouvelle année : « Je te souhaite ce que tu redoutes le plus, car c’est ce qui te fera le plus avancer. »
Alors j’ai lu ça… mais en fait, c’était tout à fait vrai.
Ce n’est pas ce qu’on a envie d’entendre, mais c’est juste.
Voilà.
Du coup, le nom de ton site, c’est « Contemplaxion ». Ce serait une recette, pour trouver cette paix : un juste équilibre entre contempler et agir ?
Certainement. Mais l’action vient de la contemplation, je dirais. Idéalement, elle doit partir d’un état juste. D’un état de paix et de silence, en fait.
Mais justement, ça fait partie des deux conseils en or que tu vas me demander à la fin : d’écouter son intuition.
Mais on peut y passer tout de suite, puisqu’en effet mes conclusions d’interview sont chaque fois les mêmes, de savoir quel serait… Alors en général je demande quel serait ton conseil en or à toi, mais grâce à… Je ne sais pas ce qui s’est passé dans la communication, mais apparemment on va en avoir deux, du coup !
Ah, je pensais qu’il y en avait deux.
Ce sera deux, super, on a un bonus aujourd’hui. Ton conseil pour les personnes qui ne se sentent pas tout à fait à leur place et qui ont envie de pouvoir trouver cette paix. Et de pouvoir la manifester dans leur vie professionnelle aussi ?
Alors… j’ai encore envie de dire quelque chose pour rebondir sur ce que tu dis… La phrase de Gandhi : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. »
Si on veut trouver la paix, évidemment c’est à l’intérieur. Si on veut la paix dans le monde, on doit d’abord la trouver ici.
Donc effectivement, ce qu’il faut faire, c’est se donner du temps pour méditer. Vraiment, s’asseoir, il faut de l’immobilité et du silence.
Bien sûr, il y a différentes école. Il y a différentes voies et différentes techniques de méditation. Ça, chacun trouvera. Mais aussi, ça, on en a besoin au début, quand on n’a jamais médité. Une fois qu’on a trouvé un moyen de s’apaiser… voilà.
Vraiment prendre le temps de se poser et écouter. Qu’on médite, qu’on contemple, qu’on prie, ce n’est pas parler. C’est faire silence. Écouter ce qui nous guide.
Donc en tout cas, oui, se donner du temps pour recevoir la guidance intérieure. Et lui faire confiance.
Vraiment, faire confiance en son destin.
Et alors après, on passe à l’action.
Oui. Maintenant, on peut parfois se tromper quand même. Parfois on est sûr, oui c’est ça que je dois faire ! Et puis, tiens, non.
On peut avoir l’impression qu’on s’est trompé, mais finalement, quelques mois après, on se dit « Ah mais non, en fait, je ne me suis pas du tout trompé. »
Ou en tout cas, c’était bien que je tente ce truc-là pour en retenir telle expérience, ou…
Oui, on peut dire ça.
Retrouvez Danièle sur son site : www.contemplaxion.be