Caroline Gauthier est coach, conférencière, poétesse, auteure du roman Au nom du corps, maman de deux enfants… Elle publie une revue mensuelle, elle anime un groupe Facebook, du nom de l’héroïne de son roman, pour que les femmes puissent s’exprimer et s’entraider. Caroline anime aussi des formations en grandes entreprises où elle fait de la formation sur la communication, le management, la gestion du stress.

Elle est donc multitâches et multipublics, puisqu’elle s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux grandes entreprises.

Et tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle fait aujourd’hui, c’est le fruit de tout un parcours. Elle a connu bouleversements, tsunamis, tempêtes… Et c’est tout ce parcours que nous avons exploré dans cet entretien.

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Si on remonte dans le temps, il y a une « première version » de Caroline, qui est une élève brillante, qui choisit de faire un doctorat en économie, ce qui t’a permis par la suite de trouver un bon job. Qu’est-ce qui a guidé ce premier choix de vie ?

Ce premier choix de vie c’était un peu des injonctions sociétales, parentales… J’avais la croyance que pour exister il fallait être brillant, il fallait être parfait. Et puis il fallait aller se battre sur le terrain des hommes. Donc de la réussite sociale. Avec des gros postes où on a des gens sous sa direction, etc.

J’avais cette croyance-là donc je m’étais donnée à fond pour répondre à ce que je pensais qu’on attendait de moi. Pour être aimée.

Comme je m’étais déconnectée de ce qui était important pour moi, dans cette période de ma vie en tout cas, je me suis mise à faire ça. C’était ok pour moi d’être là-dedans. J’avais l’impression de réussir.

Tout avait l’air d’être pour le mieux puisque sur le papier c’était génial ! J’avais plein de titres : j’étais docteur en économie, attachée de recherche et d’enseignement, directeur de projet à l’international… Toutes des choses qui, sur le papier, peuvent paraître super. Mari, maison, piscine, 4×4… la totale, quoi.

Sauf que je m’étais déconnectée de l’essentiel. Et quand vous vous déconnectez de votre nature, à un moment donné la nature reprend ses droits.

Et c’est ce qui m’est arrivé, vu que j’ai vécu une crise fracassante, d’un coup.

En même temps, si je ne me trompe pas, avant cette crise fracassante il y a eu un premier stage de développement personnel.

Non, le stage de développement personnel est venu après la crise. Parce que je me foutais complètement de développement personnel avant qu’il m’arrive des problèmes. Ça ne faisait pas partie de mon modèle du monde. Et je ne savais même pas que ça existait.

C’était le cadet de mes soucis, je ne rencontrais absolument pas de gens qui étaient connectés là-dedans.

Moi, mon monde, c’était la réussite, un bon job, gagner super bien sa vie, faire des enfants, se marier, et puis voilà. L’image d’Épinal qu’on voit dans les médias.

Du coup, tu as cette image d’Épinal. Et puis ça se fracasse, d’une façon assez terrible puisque simultanément…

Ah simultanément, il y a tout qui a pété. En fait, ce qui s’est passé, c’est qu’avant de construire ce personnage j’étais quelqu’un d’hypra sensible. Et j’avais oublié cette hypra sensibilité. Ce que j’étais jusqu’à l’âge de huit ans. J’avais oublié ça et j’avais construit quelque chose autour.

Et quand vous construisez un truc, vous mettez des armures pour ne plus sentir. Et du coup ces armures faisaient qu’à chaque fois je renforçais le mur. Mais derrière ça criait. Et ça criait fort.

Et du coup, quand une énergie crie derrière et que vous la comprimez et que vous ne sentez plus rien, à un moment… Il y a des gouttes qui tombent, des choses qui ne sont pas ok pour nous, mais on ne les sent pas.

Puis une goutte, deux gouttes, mille gouttes, dix mille gouttes, cent mille gouttes… Enfin à l’âge de trente ans, la dernière petite goutte – qui n’est pas une petite goutte, en même temps – cette goutte-là a fait exploser la marmite de cette énergie contenue de mon essence et ma nature, en fait.

Et boum ! Là ça a été une explosion hallucinante.

Oui, parce que quasi simultanément tu perds ton job, tu perds ton mari, tu découvres la trahison. Au niveau financier c’est super compliqué aussi…

Ben oui parce qu’en fait, moi, j’avais construit cette image d’Épinal. Donc je vivais dans une super grande maison. Tout avait l’air parfait. Ma famille aussi a une grande maison, personne n’a de problème financier, etc.

Sauf que, ce qui m’était arrivé enfant, j’avais vécu l’abandon du père. J’avais vécu quelque chose de compliqué dans ma famille, parce que… Je ne vais pas rentrer dans le détail, mais il y avait plein d’émotions et de blessures qui étaient refoulées. Ce qui fait que je les avais masquées, je ne les avais pas entendues, je n’avais pas pu faire le deuil, je n’avais pas pu exprimer des choses.

Et donc forcément, quand j’ai vécu cette crise… Pour que je me mette à ressentir ce qui m’appartenait, il fallait frapper fort ! Parce que oui, j’avais une insécurité intérieure, oui j’avais une blessure d’abandon, oui j’avais été trahie. Mais je l’avais tellement muselé qu’à un moment cette énergie a eu besoin de se faire jour et d’être entendue.

La raison de la crise elle n’est que là. Elle est juste. Ça t’appartient et tu as besoin d’accompagner ça. Et je ne l’avais pas accompagné, je l’avais complètement refoulé, masqué.

Je ne m’étais pas autorisée à dire que j’étais en colère. Ni je m’étais autorisée à dire que je vivais l’insécurité profonde. Ni je m’étais autorisée que c’était terrible ce que j’avais vécu.

Et dans la crise, c’était l’occasion que toute cette émotion, tout ce magma, cette hypersensibilité, elle sorte par les trous de nez !

Au fond, la violence de cette crise, tu dirais qu’elle était à la hauteur de la violence que tu t’étais faite jusque-là de…

De refouler, de nier tout ça ! Car non seulement je niais toutes ces blessures qui avaient besoin d’être entendues, mais je niais aussi ma profonde nature, qui n’avait absolument rien à voir avec ce que j’avais construit.

J’ai construit un arbre qui n’était pas le mien. J’ai construit un figuier alors que j’étais une graine de pomme.

J’aime bien prendre des symboliques simples pour faire comprendre ça. Forcément, quand vous n’êtes pas en lien avec ce que vous êtes, il y a tout qui pète.

Et moi, non seulement j’avais refoulé des choses compliquées, et en plus j’avais pas laissé naître ma nature qui était hypersensibilité, vivre dans la nature et dans le moment présent, le partage, l’émotion, la sensibilité… Plein de choses. Et puis cette nature créative qui m’appartient, mais que j’avais complètement oubliée.

J’avais surinvesti le mental, et j’avais coupé toutes les autres composantes humaines. Au revoir la créativité, au revoir l’intuition, au revoir l’émotion, au revoir la vibration… Au revoir à tout ce qui nous compose en tant qu’êtres humains et que la société ne nous montre pas.

Personne ne nous parle d’intuition dans les médias, personne ne parle d’émotion dans les médias, personne ne parle de sensibilité extrasensorielle.

Les médias et même l’école, il n’y a pas un cours de développement personnel à l’école.

Rien du tout ! L’école comprime les enfants. Et mes enfants en font les frais encore aujourd’hui, de cette compression. Voilà, tu dois faire des maths, les emplois du temps sont juste démentiels… Voilà. En France, on est vraiment arrivé à ce niveau-là.

Du coup, dans ce moment de crise, il y a plein de rencontres qui se mettent. Je parle de rencontres… Rencontres de personnes, de livres… Rencontres de personnes réelles mais aussi de Marie-Madeleine, de Merlin L’Enchanteur, de ton héros de toujours Indiana Jones. De lieux, aussi…

C’est ça. Parce qu’en fait moi j’étais quelqu’un d’hypersensible. Hypersensible ça veut dire qu’on capte tout, on ressent tout.

On sent à la fois dans notre corps, mais on sent aussi les émotions des autres. Et puis on sent, on a aussi la captation de quelque chose… Je ne sais pas comment l’exprimer parce que c’est compliqué pour ceux qui ne seraient pas « ouverts » à ce type de chose. Mais on est très intuitif.

Et moi, il y a une série d’événements – alors que j’étais très cartésienne – qui ont déboulé dans ma vie. À travers les rêves, à travers la matérialisation des rêves dès le lendemain. Et quand on est hypracartésien et qu’il nous arrive un truc comme ça, on se dit qu’on va devenir fou. Et en même temps ça nous arrive, donc on veut comprendre ce qui se passe.

Moi j’ai une série de synchronicités qui se sont passées. Je ne recevais pas forcément des messages comme si ça me rentrait à l’intérieur. Mais c’étaient des rêves, des prémonitions, et puis le lendemain je rencontrais…

Comme avec Merlin L’Enchanteur.

Comme avec Merlin L’Enchanteur. J’adore raconter cette histoire.

Ah j’adore cette histoire !

Voilà ! Parce qu’on fait un rêve de Merlin, le lendemain on voit une statue en porcelaine de Merlin… Il y a des choses qui font que se dit « mais qu’est-ce qui se passe ? »

Et donc moi, après, en tant que cartésienne, doctorante, etc., que je comprenne ce qui se passait. Du coup, je suis allée voir des gens qui me semblaient « structurés mentalement », pas complètement fous, et qui même avaient pignon sur rue. Pour dire que oui, en fait, il y a des chercheurs qui connaissent ces phénomènes. Et on nous les masque.

Jung, des biologistes, des physiciens qui parlent de théorie quantique… Je me suis mise à lire, lire… Ma bibliothèque là-haut elle est juste bourrée de livres, qui me disent bon, ok, il y a quoi de rationnel là-dedans ? C’est quoi de rationnel ?

Je me suis rendue compte qu’en fait le monde était bien plus large qu’on ne nous le laissait entendre. Que nos capacités, nos potentialités étaient bien plus large que ce qu’on nous laissait entendre. Et qu’on avait un pouvoir bien plus grand. À partir du moment où on était en lien avec ces sensations, avec ses intuitions.

Mais que si on structurait trop le mental, on se coupait de tout ce pouvoir-là.

Et donc j’ai passé mon temps à replonger dans cette essence-là pour retrouver les connexions. À la fois mon énergie corporelle, qui est d’une grande puissance et que j’avais oubliée. Et puis aussi les choses qui sont en-dehors de nous mais qui contribuent à faire grandir ce qu’on est.

C’est ça qu’au début, il y a ton côté très rationnel, il y a ces synchronicités, donc tu les suis quand-même mais dans une démarche rationnelle toujours.

C’est ça ! Il m’arrive ça, je rencontre Merlin L’Enchanteur, tout de suite après… Donc je suis les signes. Et du coup je suis les signes dans un monde hallucinant. Où je rencontre des gens hallucinants. J’avais l’impression d’être dans la troisième dimension, quatrième dimension. Qu’on allait me réveiller.

Mais en même temps, c’est ce que je relate dans mon roman devenu best-seller, c’est qu’il m’arrive des trucs, absolument, de dingue ! Voilà.

Et après je me dis ok, ça c’est une partie de moi. Donc c’est un roman ésotérique, qui raconte des choses, et voilà, et j’ai aussi la partie cartésienne. Moi ce que j’aime, c’est marier les mondes.

C’est me dire « il y a ce monde », mais comment je rationalise ces processus ? Comment je m’en sers dans ma vie ? Qu’est-ce que j’en fais ? Et c’est important. Parce que si on passe son temps à suivre les signes, on peut aussi se perdre.

C’est ça, tu n’es pas passée d’un extrême à l’autre, tu as trouvé un juste équilibre pour toi entre les deux.

En fait, tout est polarisé dans l’univers. Donc moi j’étais partie dans un extrême. Donc je suis partie dans l’autre extrême, où là je suis partie sac à dos, vivre des expériences pour comprendre comment ça se passe.

Et vas-y que je fais des stages chamaniques, et vas-y que je rencontre des amérindiens, et vas-y que je fais des stages où les gens parlent aux anges…

J’avais besoin, concrètement, de me dire que ces gens, ils ne sont pas que fous, quoi ! Ils vivent des trucs !

Et vas-y que je rencontre des gens qui canalisent… Pour mon monde qui était dans le business, quand je me suis mise à rencontrer des gens comme ça qui m’avaient l’air cérébrés, et puis moi-même je vivais des expériences, je me suis dit ok, qu’est-ce que je fais de ça, aujourd’hui ?

Et après, oui, le balancier est revenu au milieu. Mais j’ai eu besoin de visiter dans l’extrême chaque polarité pour trouver un entre-deux dans ces deux mondes.

Parce que je pense qu’on ne peut ni être dans l’extrême du business, ni être dans l’extrême de ce que j’appelle « les gens un peu perchés ». Qui vivent en robe de bure toute la journée, qui captent des trucs, mais qui sont peut-être déconnectés du monde réel.

Donc dans tout ce parcours-là, il y a un parcours, je vais dire, horizontal, géographique, de découvertes, etc. Il y a aussi un parcours très vertical où tu parles beaucoup de descente, puisque tu étais beaucoup dans le cérébral. Donc descendre dans le corps, il y a descendre dans des grottes… Tu parles parfois, avec cette image de la graine, de descendre là où ça grouille. C’était important de reconnecter…

Moi, en tout cas, c’est ce chemin que j’ai fait pour découvrir qui j’étais. Ma vraie nature. Ce chemin ne peut pas se découvrir en haut d’une montagne. Il se découvre dans les plus profondes émotions que vous avez. Y compris dans les plus profondes blessures.

Parce que derrière ça, vous avez votre énergie de vie. Et donc il y a besoin de descendre dans ces endroits-là pour sentir l’énergie qui vous soutient, en fait. Et c’est de ça dont je parle.

C’est-à-dire qu’à un moment, il y a une obligation – en tout cas la nature le fera pour vous si vous ne le faites pas – de redescendre dans cette nappe phréatique parce que c’est là où se trouve l’énergie du vivant.

Et l’énergie du vivant, ce n’est pas quelque chose de linéaire, ça peut être tempétueux. Il y a des asticots. Les émotions, ça monte et ça descend. On n’a pas forcément le contrôle de ça, donc ça fait un peu peur. Et en même temps, c’est la chose à faire pour trouver votre véritable essence.

C’est ce que disent tous les alchimistes : on ne fait pas d’or en ne travaillant pas le plomb.

Donc la plupart du temps, en développement personnel on ne parle que d’or, de lumière, de positif, de je ne sais pas quoi. Mais… Le diamant, on a besoin d’enlever le carbone. L’or, on a besoin de travailler le plomb. Et notre or à nous, on a besoin de descendre un petit peu dans cette nappe phréatique de nos dragons intérieurs.

Parce que ces dragons-là, ils font partie d’une polarité de l’univers. Pas parce qu’ils sont méchants mais parce qu’ils nous composent et qu’ils ont des enseignements à nous donner.

On ne peut pas connecter le vivant si on ne descend pas dans ce monde souterrain. Et c’est le monde du féminin.

Ce n’est pas pour rien si les femmes ont été brûlées vives, c’est parce que ce monde-là, il est compliqué. Si on le met trop en avant, on a tendance à le faire taire. Mais c’est un monde très puissant.

Et comme tout ce qui est puissant, ça fait peur.

C’est ça, exactement. C’est exactement ça.

Du coup, il y a eu tout un voyage pour te reconnecter à toi, pour aller trifouiller dans tout ça. Au niveau professionnel, tu t’es complètement réinventée aussi. Tu as perdu ton poste, et tu n’as pas cherché à postuler dans une autre boîte.

C’était juste pas possible. Parce que je vivais des choses tellement compliquées, dans ma vie, à ce moment-là : divorce, faillite (parce que mon ex-mari, à l’époque, était parti en cacahuète donc j’ai vécu l’abandon, la trahison), enfin il n’y avait plus rien.

Et je me dis, si là je retourne dans mon monde d’avant, je vais mourir. C’est juste pas possible. J’ai besoin de vivre ! Il y avait une injonction à l’intérieur de moi qui me disait : « Tu ne peux pas continuer comme ça. Si ça explose, et que tu retournes dans ce monde-là, d’une rigidité qui n’entend pas ce que tu es, ça va pas le faire. »

Du coup, comme en plus j’avais des enfants à charge, c’était urgent que je crée quelque chose avec ça. Donc oui, non, c’était pas possible.

Et comment tu trouves quoi créer et comment ?

En fait, ce vivant-là, on n’a pas besoin de chercher. On crée ce qu’on est. C’est pas quelque chose qui vient du mental, c’est quelque chose qui se ressent.

Si vous sentez vos émotions, toutes les émotions – il n’y a aucune émotion qui soit mauvaise –, que ce soit la colère, la tristesse… Vous sentez aussi derrière la joie, l’élan, la vibration, ce qui vous pousse. Et vous n’avez plus qu’à suivre ça.

Le problème, c’est quand on est déconnecté de ce monde du senti, on se dit « qu’est-ce que je pourrais faire ? » avec la tête. Et c’est pas la bonne question à se poser. La question à se poser c’est « qu’est-ce que tu aimes faire ? » Ça n’a rien à voir.

Et « qu’est-ce que tu aimes faire ? » ça ne suffit pas, parce qu’il faut « qu’est-ce que tu aimes faire ? » et qui puisse répondre à une problématique particulière chez les gens. Parce qu’on ne peut pas créer quelque chose si ça ne répond pas à un besoin.

Mais en tout cas, faire matcher à la fois la vibration qu’on ressent et les problématiques qu’ont les gens pour y répondre, à leur problème. Du coup, on répond à la fois à son élan, et on contribue à aider les autres.

Et c’est ce lien entre « qu’est-ce que j’aime » et « à quoi je contribue de plus grand que moi » qui va faire qu’on a business qui tient la route.

Mais c’est pas une question mentale. Moi, si on me pose la question, faire des conférences dans le monde entier, je pourrais payer pour le faire. J’ai pas besoin de travailler.

Et ça, quand on sent c’est quoi qui m’anime, c’est quoi mes valeurs… Moi, Indiana Jones j’ai adoré, j’adore partir à l’aventure, j’adore voyager, j’adore écrire. Je lisais terriblement avant. J’ai toujours rédigé un journal intime sur papier. Voilà, je suis une grande communicante.

Après, comment je peux mettre ces talents, ces vibrations au service du monde ? C’est ça, la question qu’il faut se poser.

Donc tu as rassemblé tout ce que tu aimais et tu en as fait ton nouveau métier.

Voilà. L’idée, c’est effectivement de vibrer, mais aussi de mettre des stratégies au service de cette vibration.

Et c’est là où mon ancien monde m’a beaucoup servi. Parce que j’ai mis de la structure là-dessus.

Mais le mental, c’est pas quelque chose à abattre. C’est une structure à mettre au service d’une énergie. Sauf que nous, on fait l’inverse. On a un mental qui comprime l’énergie.

C’est trouver le bon équilibre entre les deux.

Et c’est là où on fait le mariage du féminin et du masculin. Moi j’étais dans un monde très masculin, je suis allée à bloc là-dedans. Puis boum, le féminin, comme il était muselé, il a bien fallu qu’il explose. C’est pour ça que les femmes deviennent hystériques. C’est juste parce qu’elles sont comme ça [elle trace des vagues] et qu’on essaie de les faire devenir comme ça [elle trace une ligne toute droite]. Donc forcément, à un moment, ça déborde.

Mais l’hystérie, c’est juste la maladie de on veut ne pas nous faire sentir cette nature qui est par définition duale, changeante, mouvante, explosive, énergétique… Voilà. Le mouvement, il est comme ça [elle trace des vagues].

Et après, on y met un axe. Mais si l’axe fait tuer ces vibrations-là, les vibrations à un moment elles vont exploser. C’est ce qui m’est arrivé.

Le seul point, commun, finalement, entre ta vie d’avant et ta vie de maintenant, ce sont tes enfants. Ça c’est resté. Mais est-ce que tu dirais que même dans ton rôle de maman, tu as beaucoup changé ?

Par rapport à cette crise-là ?

Oui.

Oui ! Parce que dans le rôle de maman, quand on est dans la tête, quand on est dans les « je dois », on n’est pas dans la communication et dans l’amour avec ses enfants.

C’est fondamental, encore une fois, d’être en lien avec ce monde-là. Parce que c’est le monde du féminin et le monde du cœur. Mais on ne s’ouvre pas au cœur si on n’est pas dans le monde du ressenti.

Donc les enfants, l’éducation, ça passe effectivement par la compréhension de comment marchent les émotions. Et que si un enfant hurle, ou crie, ou n’a pas envie, c’est que ça correspond à un besoin et qu’il faut écouter ce besoin-là.

Et il faut faire matcher le besoin de l’enfant et son propre besoin de parent. Mais on n’a pas la connaissance de ces besoins-là parce qu’on est dans de la moralité. Dans des normes en-dehors de tout élan. Et du coup, toute cette énergie elle meurt. Et voilà.

Du coup on a des crises d’adolescence. On a des enfants aujourd’hui qui ne comprennent pas le système dans lequel on est parce qu’ils sont bien différents de ce qu’on pouvait être.

Donc oui, ça a changé terriblement mon rôle de maman parce que… On n’est pas parfaits, dans la famille. Mais par contre, qu’est-ce qu’on communique ! Et du coup, c’est de l’amour, ça.

On peut être en colère, et puis deux minutes après on dit « j’étais en colère parce que… » On sait communiquer, et on se prend dans les bras la seconde d’après.

C’est ça, l’essentiel de la communication et du rôle qu’on a. C’est pas imposer, c’est mettre un cadre dans une discussion. Et dans une compréhension mutuelle de comment je suis fait, et comment tu es fait. Et comment on peut trouver un endroit où on se relie.

Aujourd’hui, avec toutes tes activités, que ce soit ton site, tes formations, tes conférences, etc… C’est vraiment important, pour toi, de partager ton parcours, d’inspirer et d’accompagner ?

Oui, j’accompagne. J’accompagne les gens sur plusieurs niveaux. J’accompagne les gens qui vivent une crise et qui ne comprennent pas ce qui se passe. En leur disant « c’est que de l’amour ». C’est le seul moyen qu’a trouvé l’univers pour vous rééquilibrer. Donc il faut entendre.

Puis, ensuite, toucher cet élan, derrière ça. Et qu’est-ce que je fais de cet élan ? Comment je le mets au monde ?

Donc j’accompagne les gens dans la reconnexion à leur vraie nature. Et quoi faire avec cette nature dans le monde pour créer de magnifiques pommes qui vont contribuer à ce changement dont la planète a besoin.

Donc c’est à la fois aider les gens, et aussi trouver du sens à l’existence. Parce que trouver son énergie c’est bien, mais il faut aussi trouver une motivation pour se lever le matin. Et on la trouve souvent en se sentant utile. On ne la trouve pas en essayant de garder pour soi les choses. Ça, ça nous fait mourir à petit feu.

Donc ce sens de contribution, quel qu’il soit, c’est ce qui permet de se lever tous les matins. C’est ce qui permet de créer. De même peut-être pouvoir gagner sa vie avec. Moi, c’est ce qui m’est arrivé. J’ai beaucoup, beaucoup de chance. Et aussi, j’ai œuvré pour ça.

Oui, tu as fait ce qu’il fallait pour.

Aujourd’hui, j’ai réuni mes deux mondes, en fait. Le monde de cette structure au service de quelque chose qui, à la fois, me plaît, et en même temps qui contribue.

C’est comment faire matcher toutes ces différentes contributions humaines. C’est ça, les explications que je donne.

Je travaille avec les quatre éléments, je travaille avec plein d’outils qui permettent cette compréhension de comment marier tous ces éléments qui, normalement, se battent en duel. Parce que si vous mettez de l’eau et du feu en même temps, normalement ça fait pas bon ménage. Maintenant, vous avez besoin de ces deux éléments pour faire pousser un arbre.

Et ça, ça fait partie de composantes humaines qu’on a besoin de connaître, et qu’on a besoin de réunir à l’intérieur avec de la conscience et du travail.

Ce qui est de nouveau une question d’équilibre.

Qui est de nouveau une question d’équilibre. C’est comme ça que fonctionnent l’univers et la création. Le plus, le moins, ça se confronte et puis ça crée de nouvelles choses.

Il faut reconnaître ces principes naturels et se remettre en lien avec eux. Moi, c’est cet enseignement que je donne. À la fois dans le développement personnel, mais aussi dans le business. Parce que j’interviens dans les grandes entreprises, où je remets au goût du jour, avec une façon très cartésienne, ces principes de la nature. Qui sont essentiels.

Et en même temps, parce qu’on papotait avant de commencer cet interview, tu as encore des projets. Tu testes encore des choses. Tu es perpétuellement en évolution…

Oui, c’est la création. La création, elle n’est jamais à l’arrêt.

L’ancien est toujours là, après… Comment dire… Moi, j’ai un sens de contribution. C’est-à-dire que je gagne de l’argent grâce à ce que je fais. Et cet argent-là, à la fois j’en profite pour ma liberté, mais aussi je le réinvestis dans comment je peux encore plus faire grandir mon projet, afin qu’il contribue encore plus aux personnes autour de moi et à la planète. Ça passe par plein de projets.

Donc j’embauche des gens qui m’aident, je ne suis plus seule. Du coup je peux me servir de cette nourriture, qu’on appelle l’argent… Là ouh, j’ai lâché le grand mot ! Parce que des fois on n’a pas le droit de gagner sa vie, l’argent c’est tabou, surtout dans le monde du développement personnel. Mais on ne peut pas sauver le monde si on n’a pas d’argent. On ne peut pas sauver le monde.

Donc, déjà, soyez en connexion avec ce que vous êtes. Et puis surtout, apprenez les stratégies qui vous permettent de vendre. VENDRE, oui, vraiment. Et vendre, c’est…

Autre mot tabou.

Oui, c’est ça, autre mot tabou.

Pour gagner de l’argent, afin de remettre du carburant dans les projets. Parce que si on laisse cette façon de faire aux gens qui polluent la planète, le monde il ne changera jamais.

On a besoin des gens qui ont des valeurs. Sauf que les gens qui ont des valeurs ont une espèce de croyance comme quoi l’argent c’est mal, c’est mauvais, c’est pas bien.

Ça dépend de ce que vous en faites ! C’est un outil au service de quelque chose. Après, soit vous le mettez à votre propre service, soit vous avez envie de contribuer.

Mais si vous avez envie de contribuer, il faut arrêter de dire « je ne veux pas vendre ».

Combien de fois, je fais des webinaires, puis j’ai – très rarement, hein – sur 2000 personnes, j’ai une personne qui dit « vous vendez… » Oui, je vends. Ah, ouh, quelle horreur !

Moi, je suis complètement alignée avec ça. Je n’ai aucun problème. Je sais que je propose un produit qui va transformer les gens. Donc ça a un prix. Et puis je sais que cet argent va me faire encore plus connaître ce qui m’anime et qui a le pouvoir de transformer les choses. Dans l’entreprise. Avec les gens que j’embauche. Dans les contributions que je fais par ailleurs.

L’argent est une fabuleuse énergie !

J’ai l’habitude de terminer mes interviews par cette question : si tu devais t’adresser à une personne qui est peut-être aussi pommier, et en train de se prendre pour un figuier, ou un poirier, ou que sais-je… Qui sent bien qu’il n’est pas tout à fait à sa place. Qui n’a pas la vie aussi vibrante qu’il le voudrait. Mais qui ne sait, soit pas quoi faire, soit par quoi commencer. Ou qui a trop peur pour. Quel serait ton conseil en or à toi pour amorcer le chemin ?

La compréhension de comment les choses fonctionnent. C’est-à-dire que pour moi, la connexion première pour redémarrer quelque chose où on se sent vivant et heureux, ça passe par la connexion à sa sensation.

Sauf que quand on a des problèmes, on a une stratégie qu’on met en place qui va à l’inverse du besoin qu’on a vraiment de vivre. Parce que quand on souffre, on est fait de telle sorte qu’on met un rempart corporel. On reçoit un choc émotionnel, un truc inconfortable et on va mettre en stratégie la domination, le repli, la soumission… Mais on a des stratégies corporelles qui sont toujours dans la fermeture. Parce qu’ouvrir, ça fait mal.

Sauf que l’ouverture, dans cet espace-là qui est douloureux, est la seule voie pour aller toucher cette sensation, cette vibration de la personne que vous êtes, qui vous donnera le déclic pour démarrer quelque chose qui est en lien avec vous.

Ça paraît un peu théorique. Mais quand on le vit vraiment… Si vous passez votre temps à vous protéger de la peur, par exemple, vous n’avancerez jamais. Si vous passez votre temps à vous protéger de la colère, vous ne serez jamais droits. Parce que la colère, ça sert à poser ses limites, son territoire. Et connaître clairement qui vous êtes. Si vous vous coupez de cette émotion-là, vous vous coupez de ce qui vous maintient droit.

Ça ne veut pas dire que vous allez hurler, parce que le comportement n’est pas ok. L’émotion, elle est juste. L’émotion, elle montre que vous avez des valeurs écrasées. Si vous êtes en colère, ça veut dire que vous écrasez des choses fondamentales pour vous.

Et si vous êtes déconnecté de cette émotion, vous ne saurez plus qui vous êtes. C’est pareil pour la tristesse, c’est pareil pour toutes les émotions.

Plus vous vous coupez de ce magnifique monde que sont les émotions, qui sont mouvements, vous serez incapables de vous appuyer sur cette vibration qui fera toute la différence.

Et c’est pareil en marketing. Les gens qui ne marchent pas, les gens qui essaient de vendre mais qui ne sont pas connectés à cette vibration-là, ils vont faire des efforts démesurés. Alors qu’il suffit juste de se reconnecter à ça et c’est ça qui va transparaître. C’est ça que les gens vont sentir.

90% de la communication est basé sur la vibration. Les mots qu’on dit, ça a 7% en poids. 7 !

On parle beaucoup de non verbal, mais toi tu parles en plus de vibration.

C’est pareil. Non verbal, ça veut dire qu’il va y avoir l’intonation. Mais la vibration, ça fait partie de l’énergie qui m’habite. Si elle est coupée, elle ne connecte personne.

Si je fais une conférence où je ne suis pas en lien avec cette fabuleuse énergie, je ne vais toucher personne.

Ce qui permet de relier, de connecter, c’est cette énergie du féminin, qui est la vibration. Le masculin, c’est une autre énergie. On en a besoin aussi. Mais d’abord on doit commencer par ça. Qui est symboliquement le réceptacle, et ensuite on la fait grandir. Et c’est là où la sève, qui est le féminin, va être aspirée par le soleil, qui est le masculin. Symboliquement.

Mais si vous n’avez d’abord pas… Vous n’êtes pas d’abord reliés à cette sève, comment voulez-vous faire des pommes ? C’est pas possible.

Par contre, à un moment, oui. Il n’y a pas que notre énergie, il y a aussi le masculin. Alors qu’est-ce que c’est ? C’est le soleil, c’est la conscience, c’est la présence que je vais mettre sur mes émotions. C’est les actions que je vais mettre en place, les stratégies que je vais faire, le savoir que je vais avoir, les actions que je vais réaliser, c’est tout ça.

Mais en développement personnel je n’entends parler que de masculin : quelles sont les actions, la structure, les objectifs SMART, les je ne sais quoi… Et c’est quoi, ta vibration ? Comment est-ce que tu te connectes à cette vibration ?

C’est tout ce chemin vers la sensation qui est essentiel. Parce que c’est elle qui va donner le carburant. C’est elle qui va être la sève.

Alors après, on va mettre un tuteur qui va permettre que la sève puisse monter. Et être inspirées par notre composante masculine.

Donc moi, je dirais d’abord descendre dans ce monde-là, même s’il est un peu compliqué. Parce qu’aller connecter sa sève, c’est sous terre, là où il y a des asticots, comme je dis. Mais en même temps, c’est ça qui va donner une fabuleuse énergie pour la suite.

Compliqué parce que ça peut être désagréable, mais si on n’y va jamais…

Par habitude ! Et puis parce qu’on nous dit que c’est mal ! On nous dit : attends, tu es en colère… Dans le monde du développement personnel, il ne faut pas être en colère, il faut pardonner.

Ok, il faut pardonner, c’est bien gentil mais comment je fais pour pardonner ? Le pardon, c’est un processus. C’est pas un truc où on dit « il faut que tu pardonnes ». Ça passe par un chemin de deuil, d’expression des émotions, de traverser ces émotions.

Que le pardon ne soit pas un couvercle qu’on met sur une blessure.

Et il y a beaucoup de démarches qui sont des couvercles. Ou alors, je lance une intention et puis ça y est, ça va se réaliser. Mais si tu n’es pas connecté là, il y a toute une sphère…

On est composé de 10% de conscient mais 90% qui est sous l’eau. Ça fait partie de tout ce qui est refoulé, tout le monde archétypal, tout le monde de ce que vous êtes mais dont vous n’avez pas la conscience.

Ce n’est pas votre mental qui va décider. C’est ce pour quoi vous êtes faits et ce pour quoi vous vous êtes incarnés. Et ça passe par un chemin de descente corporelle.

D’où le roman qui s’appelle Au nom du corps. Pour moi c’était comme une prière : arrêtez de dire d’abord l’esprit, le truc, etc. Et le monde du féminin, il est où, là ? Il est où, dans la spiritualité, il est où dans l’économie ? Nulle part ! Il est où dans le marketing ? C’est un truc de fou !

Donc c’est comme une injonction, une prière : monde du féminin, venez !

Donc descendre dans le corps, descendre dans la chair et vivre pleinement notre incarnation.

Oui. Et notre sensibilité, notre vulnérabilité, nos émotions, l’énergie qui nous traverse. C’est elle qui a la vérité.

Après, cette énergie, ça s’appelle le serpent. En fait, c’est le serpent qui s’enroule autour du pommier, dans la Genèse.

Sauf qu’on a dit que c’était un démon, celui-là, parce qu’il a fait chuter. Forcément, il fait chuter : il fait descendre dans le monde de l’incarnation. Pour connaître, en fait, l’esprit dans la matière. Mais si vous refusez votre esprit dans la matière, c’est pas possible. C’est pas…

J’aime bien prendre le symbole du caducée. Le caducée, ça veut dire la santé, ça veut dire la puissance. Le caducée, il y a un axe et puis les serpents qui s’enroulent.

Les serpents, c’est le monde du féminin. Et le caducée, c’est l’axe, c’est-à-dire la direction. Et puis c’est le haut, il tend vers les cieux.

Si vous ne mettez pas d’axe, les serpents ils restent sous terre et effectivement, ils peuvent devenir démoniaques. On peut être absorbé par ce monde-là.

Mais s’il y a à la fois la structure et la vibration, on est en pleine santé.

On a ce fameux équilibre, et c’est juste.

Mais souvent, on ne trouve que cet axe-là. Ou alors on trouve des gens qui sont dans le monde du féminin mais alors là c’est gloup gloup. Il n’y a pas de structure, il n’y a pas d’incarnation.

Donc on va faire des rondes, on va parler pendant des heures, vivre en communauté… C’est super, on est dans le monde du féminin, du partage, de l’émotion. Mais qu’est-ce qu’on peut apporter au monde ? C’est intéressant quand même, se poser cette question.

C’est là où on a besoin de marier le monde de l’entreprise et ce monde-là qui est en train de naître. Faire ce mariage-là.

Moi j’ai navigué dans ces deux mondes. Je suis partie dans les extrêmes de ces deux mondes, je me suis nourrie de ces deux mondes. Mais aujourd’hui, on est là pour faire du ET. Et plus du OU. C’est cette intégration qu’on est amenés à faire.

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