Et si on parlait de ces moments où on se sent au bord de la crise de nerf, où on pète un câble, où on craque, donc, ce qui nous donne envie de nous tailler, ou bien de mordre, ou de nous disputer, de crier, de casser…
Le but de cet article est de comprendre :
- pourquoi ces moments-là arrivent,
- comment les gérer au mieux,
- que faire pour éviter que ça recommence.
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Les moments de crise
Ce genre de moment est désagréable, voire même destructeur, et pas que pour la personne en crise. Elle, elle se sent mal, parce qu’elle vit une émotion désagréable. Et les autres qui, par malheur, se trouvent dans les parages au mauvais moment, ils peuvent se demander ce qui leur tombe dessus. Ça crée des disputes, des tensions… Tout le monde en souffre !
D’où viennent ces moments de crise ?
Si on en est à vraiment craquer, à vraiment s’énerver, à ressentir une grosse colère, une grosse rage, c’est qu’on a accumulé un certain nombre de moments où nos besoins n’ont pas été respectés. Et que là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Le déclencheur en question, ça peut donc être une bêtise. Un tout petit truc qui fait que soi-même on se demande « mais pourquoi est-ce que j’en fais toute une montagne ? ». Ou les autres vont nous dire « mais pourquoi est-ce que tu en fais tout un drame ? ».
Et c’est vrai que c’est peut-être pas grand-chose, ce qui s’est passé à ce moment-là. Mais c’est le principe de la goutte qui fait déborder le vase. Il n’y a pas besoin que la goutte soit très importante. Il suffit qu’elle fasse déborder le vase en question.
Tout ça pour dire que ce qui provoque la crise, c’est l’accumulation.
Que faire en cas de crise ?
Dans un premier temps :
RIEN !
S’il y a moyen, vraiment, ne fais rien. Pourquoi ?
Rappelle-toi : tu es en train de vivre un moment où l’un de tes besoins n’est pas respecté. En conséquence, au niveau du cerveau, c’est le reptilien qui prend les commandes. Lui, il se met en état d’alerte, comme si ta vie était en danger. Même si le besoin semble anodin, le cerveau reptilien le considère comme un besoin vital.
Une fois qu’il a pris les commandes, il ne te reste que 3 possibilités :
- fuir (l’envie de se tailler dont je parlais au début),
- lutter (donc déclencher une disputer ou casser la vaisselle),
- rester figé (perdre tous ses moyens).
La seule chose à faire, donc, c’est prendre du recul. De toute façon, tu ne peux rien faire de bon. Tu n’es pas maître de toi-même et tu es incapable de réfléchir de manière constructive. Tu es dans la réaction, ce qui signifie « re » + « action », autrement dit tu répètes sans cesse les mêmes schémas autodestructeurs (selon que tu privilégies la lutte, la fuite ou le figement).
Alors que si tu peux aller te balader cinq minutes, ou écouter une musique apaisante, changer d’endroit et te recentrer… Alors la pression va diminuer, le reptilien va pouvoir lâcher l’affaire, et tu vas pouvoir à nouveau avoir accès à ton cortex, la partie du cerveau qui est capable d’envisager de nouvelles solutions.
Dans un second temps :
C’est alors que tu peux te poser LA question clé : quel est mon besoin qui n’a pas été respecté ?
J’ai pu constater qu’il n’était pas toujours facile de répondre à cette question. Pourtant, la liste de nos besoins n’est pas si grande !
Quels sont nos besoins ?
Premier besoin : respirer.
Il suffit que tu t’arrêtes de respirer pendant quelques secondes pour sentir que c’est un besoin dont tu ne peux te passer très longtemps.
Ce besoin est à prendre dans les deux sens du terme : la respiration de nos poumons, et aussi le fait de baisser la pression, de ne pas toujours être dans le faire et le devoir faire, etc.
Deuxième besoin : boire.
Je parle de boire de l’eau, bien sûr. L’eau amène l’oxygène à notre cerveau, elle élimine les toxines en tous genres (les toxines physiques, les émotions qu’on a besoin de faire passer…).
Troisième besoin : manger.
Quatrième besoin : la sécurité.
Il s’agit de notre environnement au sens large : la température, le fait d’avoir un espace où on se sent protégé…
Cinquième besoin : l’amour.
Ce besoin est fondamental, même s’il n’est pas physique.
Au 13e siècle, l’empereur Frédéric II a mené une expérience dont le but était de savoir si, en tant qu’être humain, nous avions une langue innée. Bien sûr, selon notre pays de naissance, nous apprenons au cours de notre enfance, la langue parlée par nos parents. Et donc par cette expérience, Frédéric II voulait savoir ce qui se passerait si on n’était pas influencé par la langue que parle notre entourage, si surgirait une langue innée (il pensait que ce serait soit le latin soit le grec, les seules langues pures à ses yeux).
Ils ont donc pris des nourrissons, qu’ils ont complètement isolés pour voir, quand ils allaient commencer à parler, quelle langue ils allaient parler. Ils étaient complètement isolés, mais tous leurs besoins physiques étaient comblés. Mais ces « soins » (les nourrir, les laver, les changer…) se faisaient en silence, et une fois exécutés, les nourrissent se retiraient.
Quel fut le résultat de cette expérience ? Tu penses peut-être que ces enfants n’ont jamais parlé… Et d’une certaine façon tu as vu juste, mais peut-être pas pour la bonne raison : ils sont morts !
La conclusion est sans appel : sans amour, on meurt. Les bébés, nourris de nourriture physique mais pas d’affection, ont péri.
Si tu en doutais, maintenant ce n’est plus le cas : l’amour est un besoin vital.
Au quotidien, ce besoin d’amour peut s’exprimer de manières différentes : par notre besoin d’être respecté, reconnu, écouté, compris…
Et puis…
Une fois ton besoin identifié, tu peux démarrer un dialogue intérieur : dans cette situation, mon besoin c’est… Il n’a pas été comblé. Qu’est-ce que je peux faire pour changer cela ? Et pour que ça ne se reproduise plus ?
N’oublie pas que, quoi qu’il arrive, ça commence par toi ! Si tu ne te respectes pas, les autres ne le feront pas non plus. C’est comme si tu leur montrais l’exemple : si tu ne te respectes pas, tu montres aux autres que c’est ok de te manquer de respect. Si tu le fais toi-même, pourquoi les autres feraient-ils différemment ?
Ensuite, pense également à toutes les petites gouttes d’eau qui ont rempli le vase, avant. Car s’il y a eu ce débordement, c’est que le vase s’est rempli depuis un petit temps.
En général, une fois que ça pète un bon coup, on va au bout des choses et on vide le vase. Alors pour qu’il ne se remplisse plus, il faut être vigilant à chaque goutte, à chaque occasion où un besoin n’est pas respecté.
Autrement dit, chaque fois qu’une de ces occasions se présente, trouve immédiatement le moyen de la transformer. Ainsi, non seulement le vase ne se remplira pas, et en plus exprimer tes besoins et les faire respecter deviendra un automatisme, tu n’auras plus à y penser.
Et comment on fait quand c’est à l’extérieur, avec une personne différente à chaque fois ?
Le processus est le même, chaque personne me faisant vivre cette situation ne fait que me montrer que j’ai des besoins qui ne sont pas comblés et que j’ai à m’en occuper. Et plus il y a de personnes, et plus cela m’arrive, plus cela vient renforcer le message, chaque situation similaire étant un rappel du précédent…
Comment gérer quand c’est votre conjoint bipolaire qui vous fait vivre de la violence verbale régulièrement.
Dernièrement j’ai vraiment peté un plomb malgré moi car je sens que je n’ai plus la patience d’encaisser. J’ai jeté des objets pour me libérer de la pression et je l’ai même giflé.
Même si je sais que c’est la maladie, je n’arrive pas toujours à prendre le recul nécessaire face à ces paroles destructrices. Il me culpabilise aussi de mes réactions.
Et après je me sens terriblement mal. Ça ne me fait aucun bien.
C’est délicat de répondre à votre message, parce qu’être le compagnon ou la compagne d’une personne malade (quelle que soit cette maladie), c’est très difficile ! Alors avant tout je vous invite à ne pas ajouter de violence à la violence, autrement dit à vous donner le droit de péter un plomb, tout en trouvant une manière appropriée de le faire (jeter des objets, oui, gifler, non) et tout cela dans l’amour pour vous-même, donc sans culpabilité. Rester auprès d’une personne qui vous fait vivre de la violence est un choix, ce n’est pas pour autant que vous devez être surhumaine et tout encaisser en souriant.