À quoi ça sert de monter en haut de la Tour Eiffel ? Et à quoi ça sert de se lever le matin ? À quoi ça sert de travailler ? Ou encore, à quoi ça sert de se poser cette question ? Chacun de nos actes devrait-il être investi d’une mission ?
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À quoi ça sert de monter en haut de la Tour Eiffel ?
J’écoutais, à la radio, une émission qui parlait de tourisme, de voyage, etc. Une journaliste rapportait qu’un jour où elle se trouvait au pied de la Tour Eiffel, elle a entendu un petit garçon demander à sa mère : « Maman, à quoi ça sert de monter en haut de la Tour Eiffel ? »
Elle est intéressante, cette question. À quoi ça sert de monter en haut de la Tour Eiffel, et à quoi ça sert, ce qu’on fait, en général ?
C’est une question qui moi, en tout cas, m’a comme « poursuivie » à un moment de ma vie.
À quoi ça sert le latin ?
À un moment de ma vie, pendant une petite dizaine d’années, j’ai été prof. De latin et de français. Et par moment de latin uniquement.
À une époque où je n’enseignais que le latin, à chaque fois que je rencontrais quelqu’un ça donnait ceci :
- Qu’est-ce que vous faites dans la vie ?
- Je suis prof.
- Prof de quoi ?
- De latin.
- Ah bon, ça existe encore ?
- Hé oui…
- Et ça sert à quoi, le latin ?
Bien sûr, mes élèves aussi me posaient la question. Ainsi que leurs parents.
Or à cette question, il y a 1000 réponses possibles. Ma préférée, c’est « ça ne sert à rien ». Mais ce n’est pas celle que j’étais sensée donner.
À quoi ça sert les canards ?
Un jour où j’étais allée tôt dans un parc bruxellois faire du Tai Chi avec un ami, j’ai assisté au réveil des canards.
Avant qu’ils ne bougent, je n’avais même pas remarqué leur présence. Mais comme ils se réveillent, qu’ils s’ébrouent, qu’ils font leur toilette, je les aperçois et la réflexion qui me vient c’est : est-ce qu’ils se posent la question, quand ils se lèvent le matin, de savoir à quoi ils servent, les canards ? Et est-ce qu’ils se demandent ce qu’ils vont faire de leur journée ? Est-ce qu’ils s’interrogent sur leur mission de vie ? »
Parce que moi, je voulais être comme ces canards : me lever le matin sans me poser de question et faire ce qui me plaît, sans toujours justifier mes actes par une quelconque utilité.
Faire les choses gratuitement, pourquoi pas ?
À quoi je sers, moi ?
Pour en revenir à cette question « à quoi ça sert le latin ? », à force de l’entendre je me suis demandé pourquoi on me la posait sans cesse. Ou plutôt pourquoi j’y étais aussi souvent confrontée.
Parce qu’à la longue, ce que j’entendais, ce n’était plus « à quoi sert ce que tu fais ? » mais « à quoi TU sers ? » autrement dit « à quoi sert ton existence ? »
Avec le recul, ce que j’en comprends c’est que, même si le latin ça sert à plein de choses, même si en tant qu’enseignante j’étais utile, cette question qui venait me titiller elle venait me faire prendre conscience que je pouvais faire quelque chose d’encore plus utile. Que je pouvais trouver une autre place qui me corresponde davantage. Et où je serais encore plus utile à la société, à mes clients, en tout cas à ceux qui veulent travailler avec moi.
On peut être utile en faisant plein de choses différentes mais il y a une chose qui nous correspond vraiment et dans laquelle, du coup, on donne le meilleur de nous-mêmes.